société toul L’adieu à Bigeard, dernier soldat emblématique

Veillé par des paras, le général Marcel Bigeard a reçu, hier, à la cathédrale de Toul, l’hommage de ses compagnons d’armes, et de la foule des anonymes. VGE, Hervé Morin et Nadine Morano étaient là aussi.
Le Républicain Lorrain - 22 juin 2010 à 05:00 - Temps de lecture :
Depuis dimanche Marcel Bigeard, le «  père des paras », a été veillé par des militaires du 3 e régiment de parachutistes d’infanterie marine de Carcassonne, son régiment.  Photos Anthony PICORE
Depuis dimanche Marcel Bigeard, le «  père des paras », a été veillé par des militaires du 3 e régiment de parachutistes d’infanterie marine de Carcassonne, son régiment. Photos Anthony PICORE

La ferveur populaire doublée de la vénération militaire s’est exprimée, hier, lors des obsèques du général Bigeard à la cathédrale de Toul. On a pu à cet instant mesurer tout ce que le vieux soldat décédé le vendredi 18 juin, représentait pour ses anciens compagnons d’armes, venus coiffés du béret rouge et pour la relève. Dans l’assistance, Valéry Giscard d’Estaing qui l’a nommé ministre, Hervé Morin, l’actuel ministre de la Défense, Nadine Morano, secrétaire d’État à la Famille. Et tous les parlementaires, Michel Dinet, André Rossinot, ainsi qu’une foule d’anonymes venus lui dire adieu et soutenir Gaby, son épouse, et Marie-France sa fille.

Haie de paras

Dans le chœur, 150 porte-drapeaux de toutes les guerres, veillent sur le général. Au milieu, couvert d’un drapeau tricolore sur lequel est exposé un portait de Marcel Bigeard en tenue de para, son cercueil disposé là depuis la veille. Depuis dimanche, en effet, Marcel Bigeard, le «  père des paras » ainsi qu’ils le disent tous, a été veillé par des militaires du 3 e régiment de parachutistes d’infanterie marine de Carcassonne, son régiment. Huit soldats en treillis, immobiles pendant toute la durée de la messe, tandis qu’à l’extérieur deux escortes d’honneur l’une du 3 e RPIma, l’autre du 13 e RDP de Dieuze, forment une haie sur le parvis de la cathédrale.

Trempé comme l’acier

C’est sûr, il aurait aimé cette messe et aurait été touché par la façon dont on a parlé de lui. Le père Roland Noël, le prêtre devenu ami, qui l’a accompagné sur son dernier chemin, avait un peu de mal à garder une voix ferme en parlant «  du grand vide » qu’il laisse. Et l’ancien président de la République qui s’est souvenu avoir décoré «  le dernier soldat emblématique de notre histoire militaire » en s’excusant de prendre la parole dans une église. Ou Hervé Morin qui a parlé du soldat et du meneur d’hommes avec émotion, en pensant à cet autre para tombé dans les montagnes d’Afghanistan le 18 juin. Saluant «  le panache du para colonial belle gueule, qui peut tout demander à ses hommes parce qu’il peut tout donner pour eux », il confie ce que le général lui avait murmuré : «  Pour être et durer, il faut être souple comme le cuir et trempé comme l’acier. »

Il y a encore eu de beaux moments, de ceux qui vous donnent le frisson : le chant des paras, qui parle de souffrance et de camaraderie, montant sous les voûtes de la cathédrale, la sonnerie aux morts, jouée par le trompette du 13 e RDP, et plus surprenant, une Marseillaise vibrante. Aujourd’hui, Marcel Bigeard recevra les honneurs militaires dans la cour des Invalides à Paris, où tout le 3 e RPIma de Carcassonne s’inclinera devant son «  père ».