Les grandes désillusions Roewe 750, le triste destin asiatique de la Rover 75

Nous sommes en 2003, le constructeur anglais MG Rover est au plus mal. Son nouveau propriétaire, un groupe d’investisseurs nommé Phoenix cherche à maintenir l’entreprise à flots. La gamme est vieillissante, les clients se font rares, mais chez MG Rover on pense que le salut viendra de la chine. Toute l’entreprise va travailler avec acharnement et peu de moyens pour séduire un partenaire chinois.

Nicolas Laperruque - 03 déc. 2023 à 18:00 - Temps de lecture :
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Au début des années 2000, MG Rover traverse un enfer. Part de marché en baisse, méfiance des clients qui doutent de l’avenir de la marque, gamme vieillissante, rien ne va.

En décembre 2002, les employés apprennent que les discussions entreprises avec le constructeur chinois “China Brilliance” n’ont pas abouti.

Mais pour Rover, l’idée de pénétrer le plus gros marché automobile mondial avec un partenaire local continue de faire son chemin. Les chinois ont besoin de technologies européennes, ils ont de l’argent et une main d'œuvre attractive.

Un avenir chinois pour la Rover 75

Chez Rover, on retourne à la planche à dessin. Objectif : moderniser la Rover 75 pour en faire une voiture séduisante pour la Chine et attirer ainsi un autre partenaire chinois. L’heureux élu ne tarde pas à se faire connaître.

Ce sera Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC), constructeur qu’on retrouve aujourd’hui chez nous, sous le nom de MG. Rien ne se perd. SAIC évalue la Rover 75 et le plan fonctionne. On va en faire une version modernisée pour pénétrer le marché chinois.

Une 75 revue

Les modifications sont nombreuses et doivent être réalisées rapidement pour être mises sur le marché dès 2004.

De nouvelles portes, un intérieur profondément revu, de nouveaux moteurs diesel et essence pour remplacer les coûteux blocs BMW et un allongement de la voiture de 10 cm pour augmenter l’espace aux jambes arrière, une particularité qui plaît aux chinois.

Malgré le travail fourni, les mois passent et l’accord avec les chinois tarde à se concrétiser. Chez Rover, les caisses sont vides et on a mis tous ses œufs dans le même panier.

Rover vendu une bouchée de pain

Finalement, fin 2004, l’accord d’un milliard de livres sterling annoncé par la direction de Rover se transforme en 67 millions de livres sterling avec la vente des droits des Rover séries 25 et 75.

Une seconde tranche de 133 millions est destinée à la mise en production de la Rover 75. En mai 2005, les chinois font savoir à Rover qu’il n’y aura pas de suite à cet accord, ni de rachat de Rover par SAIC.

Les chinois se contentent de s’offrir les droits de la Rover 75. Les actifs de la marque, désormais en faillite, finissent chez un autre constructeur chinois, Nanjing Automobile Corporation (NAC) pour 53 millions de livres sterling seulement.

La Rover 75 devient Roewe 75

Avec les actifs d’un côté, le nom de l’autre, et l’outillage ailleurs, SAIC ne peut utiliser le nom Rover. Les chinois vont remédier à cette situation en sortant la marque “Roewe” qui signifie vaguement “Pouvoir glorieux”. Mais l’essentiel est ailleurs, 18 mois après la fin de Rover, la Roewe 75 est prête à être commercialisée.

Au Salon automobile de Pékin 2007, la voiture est présentée avec une version hybride. L’ambition est là avec une arrivée en Europe promise pour 2009. La voiture sera un échec, la version hybride ne sortira jamais et il faudra attendre quinze ans pour voir SAIC arriver en Europe…avec le nom MG.